Delhi?....à la folie!

L'hiver touche à sa fin puisqu'à partir du 14 janvier les températures remontent.

En effet, Le 13 janvier a lieu un festival au Penjab et à Delhi qui s'appelle Lohri et qui marque le pic du froid et on fête ça avec de grands feux de joie autour desquels on danse en y jetant du maïs, des cacahuètes etc. C'est une fête populaire et sympathique  qui a lieu dans différents quartiers de la ville un peu comme Dussehra.

J'espère bien que dimanche matin, c'en sera fini du réveil avec le nez et les cheveux glacés (tout le reste est enfoui sous la couette!)

On ne dira jamais assez que c'est dans les pays chauds qu'on se gèle le plus pendant le court hiver... peu de chauffage, beaucoup de courants d'air et aucune isolation, c'est le tiercé gagnant pour geler sur place.

Alors on passe ses journées dehors et on oublie les bonnes résolutions d'écrire quelques articles...

Pourtant, on a eu un hiver très actif avec de belles découvertes et malheureusement aussi un évènement atroce qui a marqué le monde par sa barbarie.

Qu'en dire? Que des viols identiques ont lieu tous les jours, que la plupart restent non seulement impunis mais surtout non divulgués. Quand une femme ou une enfant de basse caste se fait violer et massacrer, rien ne se passe.

Depuis ce viol de trop, les victimes osent porter plainte: Il y a quelques jours, une femme dont la petite fille était hospitalisée, s'est fait violer par trois balayeurs dans les toilettes de l'hôpital, ils l'ont menacée de mort pour ne pas qu'elle porte plainte mais elle l'a fait quand même et les types ont été arrêtés. Même les les viols en famille sont évoqués alors que c'est le tabou absolu... La semaine dernière, une petite fille de deux ans, violée par son oncle, en est morte.

 l'étudiante en kiné qui est morte faisait partie de la classe moyenne et cela a fait la différence parce que  la classe moyenne indienne est en expansion, ce sont des gens éduqués qui veulent voir leur pays progresser sur tous les plans et ils en ont ras le bol de la corruption, de l'injustice  et de l'inertie du gouvernement.  

Alors, cette classe moyenne, composée d'étudiants, de médecins, d'entrepreneurs est sortie en masse dans les rues de Delhi pour manifester sa colère et la réponse des autorités a été de les asperger avec des lances à incendie et de fermer la plupart des stations de métro pour empêcher les manifestants de venir se regrouper à Raisina Hills....Lamentable!

Dans les journaux, tout le monde y est allé de ses commentaires, de son analyse, des débats ont eu lieu chaque jour à la télévision. Un guru a même déclaré que la victime était aussi coupable que ses agresseurs car si elle s'était prosternée à leurs pieds en leur demandant de l'épargner, ils ne l'auraient pas violée....Et de l'autre côté, il y a eu les réactions extrêmes: il faut pendre les violeurs sans procès, les lyncher sur la place publique....c'est devenu le sujet unique de conversation. Et pourquoi??? parce que les indiens ont eu soudain honte de l'image que cela donnait d'eux  à l'étranger et comme le monde entier en a parlé, il fallait agir.

Les violeurs ont été arrêtés, le procès est en cours: deux des accusés plaident non-coupables...

A Mumbaï, comme dans d'autres villes du pays, des étudiants manifestent en silence par petits groupes

La lecture du journal est comme avaler une potion amère: il y a des matins, je laisse tomber au bout de trois lignes.

Je reçois des courriers de femmes me demandant s'il n'est pas dangereux de venir en Inde....Que répondre? Non, ce n'est pas particulièrement dangereux.

Je vais dans tous les quartiers de Delhi seule sans aucune appréhension. Mais je ne me balade pas seule la nuit, je ne prends pas le bus. Je prends le métro, quand il y a foule, je vais dans le wagon des femmes.

Il est vrai que je déconseille à toutes mes amies en visite d'Europe de  porter des jupettes ou des décolletés mais cela s'applique dans beaucoup de pays du monde.

Si vous venez en Inde, lisez un peu, je vous recommande de commencer par ce livre: "le vendeur de saris" de Rupa Bajwa, c'est une bonne introduction à la société d'Inde du nord.

Et pour finir sur une note sympathique, une petite anecdote qui m'est arrivée il y a quelques jours: la voiture est tombée en panne en allant au marché, heureusement juste devant... mais ensuite il fallait que je revienne avec tous mes sacs de légumes, mon carton d'épicerie... galère, galère. Eh bien, l'épicier s'est mis en 4 pour trouver une voiture qui puisse me raccompagner à la maison et les employés du magasin m'ont escortée en portant mes paquets et m'ont installée dans la voiture comme une maharani. Tout le monde était rigolard et très content de trouver une solution. Et tout s'est bien passé! 

Et cela illustre encore une fois toute la complexité de cette société ou le meilleur côtoie le pire.